Mise en culture du langage

une approche biologique du langage

De la déconstruction à la construction, Amélie Dubois interroge par ailleurs le moyen de produire du sens en démontrant que « saisir le sens ne se peut que dans la zone où il s’altère ». L’oeuvre multiple Mise en culture du langage approfondit cette réflexion. Deux éditions, un article, vingt-six animations et deux photographies forment un laboratoire de manipulation de la lettre elle-même. A l’image de bactéries évoluant dans divers milieux, les lettres sont utilisées et modifiées par trois protocoles précis : la manipulation par le champ lexical, l’altération par la dégénérescence de l’outil et la déconstruction graphique.

Un article sur la génération spontanée reprend cette thèse de l’évolution. Lié au domaine de la biologie, le texte est modifié par l’utilisation d’un autre champ lexical, emprunt au vocabulaire littéraire. Le sens s’en trouve inévitablement changé et est déposé sur le site Wikipédia un cours moment avant la découverte, par les internautes, de la supercherie. Le protocole fait référence à cette contrainte de remplacement d’un champ lexical par un autre, nommée transduction par l’Ouvroir de Littérature Potentielle (OuLiPo).

Les deux éditions reviennent également sur des textes que Amélie Dubois dissèque. Il s’agit tout d’abord du proverbe : « avant d’admettre l’absurde, on épuise toutes les solutions » qui est passé dans un logiciel de traduction automatique, jusqu’à l’épuisement de l’outil. La phrase est traduite d’une langue à une autre, en français, en anglais et en allemand, laissant surgir des points-virgules lorsque l’outil n’est plus capable de traduire. Un logiciel de dictée vocale est à l’origine de la seconde édition. La voix lisant un texte de Jorge Luis Borges ; Pierre Ménard, auteur de Quichotte, est retranscrite en texte. Les erreurs de compréhension du logiciel intègre des altérations du sens original.

Par ailleurs, les vingt-six animations, d’environ deux minutes chacune, et les deux photographies sont le résultat d’une déconstruction des lettres. Le logiciel utilisé permet de simuler le développement bactérien. Les pixels disposés de manière à dessiner les lettres de l’alphabet se déplacent comme de minuscules êtres vivants, au fur et à mesure de l’expérience. Certains se multiplient, certains disparaissent. Les premiers tracés bouleversés présentent désormais des formes réduites ou au contraire complexifiées. Deux impressions présentent des courbes réalisées dans le but de rendre compte de la mutation des pixels. Ces processus d’hybridation de la lettre bouleversent de façon exponentielle le sens jusqu’à parfois la disparition même du texte.

26 animations, 2008. 2 min 11 chacune. Système d’ écriture issu d’une simulation de développement cellulaire appliqué à l’alphabet. Chaque lettre de l’alphabet est tour à tour soumise à une simulation de développement cellulaire. Application du logiciel Life-Lab qui étudie des phénomènes biologiques au moyen de simulation informatique.

26 animations, 2008.
2 min 11 chacune.
Système d’ écriture issu d’une simulation de développement cellulaire appliqué à l’alphabet.
Chaque lettre de l’alphabet est tour à tour soumise à une simulation de développement cellulaire.
Application du logiciel Life-Lab qui étudie des phénomènes biologiques au moyen de simulation informatique.